LA MAISON LEMINOR

La Maison Le Minor a été fondée par Marie-Anne Le Minor en 1936.
L’idée lui vient au départ de développer les « Poupées de Bretagne », sa première création, en s’inspirant des habits bretons et du savoir-faire local, pour en faire de véritable poupées de collection.
Voyant nombre de brodeurs et brodeuses exceptionnels en pays bigouden, et constatant par la même que les costumes traditionnels étaient délaissés pour entrer dans le folklore, elle a l’intuition géniale de transposer cet art de la broderie à d’autres productions plus artistiques.

De là date sa rencontre avec le monde de l’art et les premiers artistes* tels Mathurin Méheut, Pierre Toulhoat …avec lesquels elle entame des collaborations pour ses productions de tapisseries, foulards…et plus tard nappes imprimées. Le succès des Poupées bretonne sera spectaculaire et international, jusqu’à 300000 unité à la fin des années 60, pour finalement s’essouffler dans la décennie suivante. Parallèlement la Maison Le Minor puise dans le répertoire local pour développer ses lignes de vêtement avec le Kabig, au départ vêtement de travail, qui aura aussi une diffusion spectaculaire dans les années 70. A cette époque, le Minor emploi plus de 200 personnes, et sous traite également ses productions et broderies pour de grandes maisons parisiennes. A la fin des années 70, la crise pétrolière et le changement de goût voient la fermeture des ateliers et l’abandon de la branche confection. La Maison Le Minor se recentre sur son cœur de métier de broderies et de linge de maison autour de la boutique-atelier du quai Saint Laurent, où elle continue de perpétuer son savoir-faire.

C'est en constatant que les costumes étaient de moins en moins portés en pays Bigouden, que Marie-Anne Le Minor s’inquiéta du devenir de l’art si particulier de la broderie bretonne. Elle recruta un brodeur émérite afin d’en perpétuer la tradition et offrir des articles brodés à la vente. En Bretagne, la broderie était en effet alors souvent l’apanage des hommes qui allaient de village en village broder des vestes, gilets et costumes pour leurs commanditaires.
Il faut se rappeler que les costumes brodés du Pays Bigouden étaient alors d’une richesse et raffinement extrême tant et si bien qu’ils furent représentés par de nombreux peintres notamment ceux de l’Ecole de Pont Aven tels que Paul Gauguin (1848-1903), Paul Sérusier (1864-1927), Emile Bernard (1868-1941)et Maurice Denis (1870-1943). Une génération successive d’artistes trouva son inspiration dans le Pays Bigouden tels que Mathurin Méheut (1882-1958), Lucien Simon (1861-1945), Jean-Julien Lemordant (1878-1968).

Entourée d’une main-d’œuvre féminine abondante dans le Pays Bigouden, elle décida de créer des emplois dans un atelier d’habits de poupées. Bien vite elle employa 20 personnes, et la renommée rapidement grandissante des poupées LE MINOR la conduisit à l’Exposition Universelle de 1937 à Paris.

L’écrivain Colette (1873-1954) de l’Académie Goncourt dont elle devint une amie écrivit les catalogues pour la maison LE MINOR et dit de Marie-Anne qu’elle était devenue : « Le grand couturier des poupées de terroirs. »

Cette branche d’activité connut un grand succès et les poupées régionales aux costumes brodés commencèrent à voyager dans tous les coins de France, et bientôt du monde, avec bien des acquéreurs ou collectionneurs célèbres, à commencer par Colette, le Général Eisenhower, Caroline Kennedy, le prince Rainier de Monaco. Le Japon devint vite l’un des marchés les plus importants notamment auprès des maisons : Daimaru (Osaka), Fujita & Co Ltd (Tokyo), Mitsukoshi, Yamanaka Shoji, Sunray International Inc. (Kobe).

Durant la Seconde Guerre Mondiale, le celluloïd nécessaire à la fabrication du corps des poupées vint à manquer et la Maison LE MINOR entreprit une première reconversion en faveur de la broderie, patrimoine du Pays Bigouden, broderie à la main de linge de table, de tapis, de tissus d’ornements religieux, de sacs et de costumes folkloriques. Les premières productions de la Maison LE MINOR se composèrent ainsi de linge et costumes brodés, et de linge de maison imprimés.

En 1957, s’inspirant des vêtements des goémoniers du XIXème siècle, LE MINOR adapta le tissu de drap de laine a une nouvelle mode, celle du Kabig, et l’engouement des années 1970 pour ce vêtement fut l’un des articles phare de l’histoire de la société LE MINOR.

Parallèlement à ce nouvel essor, Marie-Anne Le Minor s’efforça de développer et d’actualiser un art populaire riche de tradition en faisant appel aux artistes de la région, elle fit naître un linge de table unique, imprime ou brodé à la main ou à la machine guidée-main (Cornely), mettant en valeur les dessins des artistes et des artisans.

Dès la fondation de l’entreprise, Marie-Anne n’eut de cesse de s’entourer d’artistes de grand renom. Ainsi Mathurin Méheut qu’elle rencontra alors qu’il peignait les pêcheurs et habitants du Finistère, créa pour elle le dessin de l’hermine LE MINOR qu’arborent toujours les boîtes, coffrets et emballages de nos articles. 

Certains motifs après plus de 80 ans demeurent intemporels et sont toujours édités par la maison LE MINOR, ainsi le célèbre motif de la nappe intitulée La Mer que Mathurin Méheut dessina est confectionné sans interruption depuis 1942. La vaisselle qui l’accompagnait et fut créée pour la Faïencerie Henriot dont il était le directeur artistique et peut encore être admirée au Musée de la Faïence de Quimper. Méheut quoique originaire de Lamballe résidait  principalement à Paris lorsqu’il n’était pas en voyage et connaissait grand nombre d’artistes qu’il présenta à Marie-Anne lors de ses séjours parisiens. C’est ainsi qu’elle avait fait la connaissance de l’écrivain Colette, avec laquelle elle noua une profonde amitié.

Colette fut admirative de l’énergie créatrice de Marie-Anne Le Minor et de son dynamisme sans bornes et de son incroyable esprit d’entreprise. Pour des raisons de santé, Colette ne put produire le livre que Marie-Anne lui avait commandé sur l’art de la broderie mais, en revanche, elle rédigea avec sa verve familière un superbe catalogue des poupées LE MINOR aux superbes costumes brodés.

Les poupées LE MINOR connurent un tel succès qu’elles étaient même vendues aux Magasin Blancs à Paris et à l’aéroport d’Orly. Dans les années 60, la compagnie aérienne Air France les offrait même aux passagers de première classe.

Colette à sa table de travail au Palais Royal

Quant au livre intitulé Broderies de Bretagne, il fut édité par les Editions Le Minor en 1946, illustré par Mathurin Méheut et son texte fut rédigé par l’écrivain Jean de la Varende (1887-1959). Il est né de la volonté de Marie-Anne Le Minor qui a collectionné des décennies durant des costumes bretons aux exquises broderies chamarrées.

Dom Robert

D’une autre rencontre naquit un autre pan de production de la Maison LE MINOR: Alors que le moine artiste Dom Robert était en chemin pour se rendre à l’Abbaye de Landevennec, il rencontra Marie-Anne Le Minor qui admirait déjà beaucoup ses tapisseries éditées par la Manufacture d’Aubusson. Elle lui demanda s’il l’autorisait à les faire broder à Pont-L’Abbé, une offre qu’il déclina gentiment.  Cette réponse ne satisfit pas Marie-Anne qui décida de demander à l’un des ses brodeurs de travailler à partir d’une carte postale d’une œuvre de Dom Robert.

Elle envoya à l’artiste l’ouvrage achevé. Ce dernier, ému par sa détermination et plus encore par le résultat qui donnait à son carton tant de relief et de force, autorisa finalement la maison LE MINOR à éditer des versions brodées de tous ses cartons. Ses tapisseries brodées sont toujours créées sur place dans nos ateliers de Pont-L’Abbé.

Les tapisseries et le linge de maison brodé et imprimé commencèrent à devenir une référence patrimoniale en Bretagne. Pour bien des amateurs d'art et de culture, une visite chez Le Minor est un rendez-vous sacré lors des vacances c'était le cas pour Georges et Claude Pompidou par exemple qui, en voisins, devinrent de fidèles amateurs et clients.

Pierre Toulhoat (1923-2014), artiste breton immensément talentueux, créa lui aussi pour LE MINOR un grand nombre de cartons, pour des tapisseries brodées et une pléiade de dessins et d’esquisses pour du linge de maison imprimé et brodé ainsi qu’une collection de bijoux d’or et d’argent inspirés des terres et légendes bretonnes. On lui doit également de très nombreux foulards dessinés pour Le Minor, dont le célèbre motif Penmarc’h noir, rouge et or, crée en 1947 et très vite adopté dans le costume traditionnel des Bigoudènes. Il est toujours édité et décliné dans plusieurs versions.

Ainsi, au fil des décennies, la Maison LE MINOR enrichit son fonds de quantités de dessins préparatoires au crayon, de gouaches, de poncifs de tous formats.

Les fils de Marie-Anne, Jacques et Jean Le Minor, suivis ensuite de son petit-fils Gildas poursuivirent sans relâche et avec autant de talent que de créativité l’œuvre de leur grand-mère mettant l’accent sur le savoir-faire exceptionnel et la tradition de qualité et d’accueil qui ont toujours fait la réputation de la Maison LE MINOR. Jacques et Jean ont développé les tapisseries brodées et Gildas les bannières d’églises et de pardons.

De ces œuvres dérivent encore bien des créations LE MINOR contemporaines qui leur confèrent leur caractère si distinctif, à la fois profondément bigouden et breton mais à l’attrait indémodable et universel. La tradition artistique de LE MINOR perdure aujourd’hui et nous sommes fiers des fructueuses collaborations que nous développons avec de talentueux artistes contemporains de Bretagne et d’ailleurs.

DÉCOUVRIR LA MAISON LE MINOR PAR DATES

1936 : Marie-Anne LE MINOR lance son atelier d'habillage de poupées.

1937 : Marie-Anne LE MINOR présente ses poupées sur la stand de la Bretagne à l'Exposition Universelle à Paris.

1940 : arrêt momentané de la production de poupées et reconversion dans la fabrication de linge de table brodée main, de costumes folkloriques et de vêtements sacerdotaux.

1945 : cette année Marie-Anne LE MINOR fait connaissance avec l'écrivain COLETTE, une amitié qui durera une dizaine d'années, jusqu'au décès de l'écrivain.

1947 : édition de deux livres sur la broderie avec les illustrations confiées à Mathurin MEHEUT. Broderies en Bretagne, texte de Jean de la Varende, et Brodeurs, Brodeuses en Pays Bigouden, texte de Auguste DUPOUY.

1948 : mise sur le marché du 1er foulards LE MINOR. Le modèle PENMARC'H d'après un dessin de Pierre TOULHOAT.

1950 : nouveau départ avec la seconde génération, Jean et Jacques LE MINOR. S'inspirant sur les conseils de Yves Marie CRESTON, du vêtement des goémoniers du XIX siècle, LE MINOR adapte le tissu de drap à une nouvelle mode, celle du Kabig.

1953 : réalisation de la première bannière de procession. Elle a été dessinée par Pierre TOULHOAT et sa première sortie fut pour la Grande Troménie de Locronan.

1963 : la plus grande tapisserie jamais réalisée chez LE MINOR, brodée par Thérèse Narzul, signée Jean Chauffrey se trouve à la faculté des Sciences de Brest.

1966 : Marie-Anne LE MINOR cesse son activité de direction, mais elle restera cependant fidèle à son rôle de conseiller.

1968 : réalisation de la première tapisserie brodée d'après un carton de Dom ROBERT, cartonnier réputé dans le monde entier pour ces tapisseries réalisées à Aubusson avec la technique dite " basse lisse". Ce travail avec Dom Robert ouvrira la voie de Pont-l'Abbé à d'autres cartonniers de renom d'Aubusson, comme Jean PICART LE DOUX, Simon CHAYE, François LESOURT.

1970 : les années 70 furent les années phare de LE MINOR. Grace à la mode du Kabig l'entreprise compte alors près de 500 personnes contre 30 en 1937 et 200 dans les années 60.

1982 : est l'arrêt définitif de la fabrication des poupées et la vente de la branche vêtement à la société MBL à Guidel.

1987 : la deuxième génération passe la main, et Gildas LE MINOR conduit désormais aux destinées de la Maison LE MINOR.

1994 : la Maison LE MINOR devient membre créateur du club d'entreprise  " Création en Bretagne ".

2000 : réalisation, d'après un dessin de Jean RENAULT, de la bannière du TRO BREIZ, célèbre pèlerinage breton qui relie chaque année un évêché breton à un autre, pour faire ainsi le tour de la Bretagne en 7 ans.

2005 : Création en Bretagne intègre Produit en Bretagne une puissante association qui regroupe 420 entreprises 110 000 salariés qui s'engagent pour le développement économique et culturel de la Bretagne.

2007 : 1er prix pour le concours "PRIX DE LA CREATION" organisé par Produit en Bretagne avec le projet "BRODERIE 29" de Gwen Le Gac.

2009 : Exposition à Paris à la Maison de la Bretagne de photos de Jacques BOSSER avec les bonnets anciens et les bannières LE MINOR.

2011 : le 20 octobre est inauguré par le maire de Pont-l'Abbé, la rue M.A. LE MINOR.

2012 : lancement du livre LE MINOR aux éditions COOP BREIZH sur un texte d'Armel MORGANT. Ce livre qui n'a d'autre ambition que de retracer un peu la longue et très riche histoire d'une maison qui a marqué l'histoire de la Bretagne.

2014 :  en juillet à l'occasion du 20éme anniversaire de la revue COTE OUEST, cette dernière a sélectionné un bel article sur la Maison LE MINOR.

2014 : en décembre, Exposition organisée par les Amis du Musée Bigouden "DANS LES PAS DE DOM ROBERT". Les visiteurs ont pu admirer les réalisations d'après les cartons de Dom ROBERT , aussi bien en broderie LE MINOR  qu'en basse lisse d'Aubusson.

2015 : Une bannière bigoudène pour les Bretons de ROME. La Maison LE MINOR vient d'achever la réalisation de la bannière de l'église SAINT YVES DES BRETONS, à ROME.

2017 : Pour la troisième année consécutives deux célèbres maisons, véritables institutions enracinées dans le Pays Bigouden, se sont associées pour créer une collection unique de fèves. La Maison LE MINOR et la boulangerie STRUILLOU LE CLEACH ont éditées des fèves avec les poupées LE MINOR.

2018 : livraison de la première bannière brodée par Apolline DUBOSCQ, la toute nouvelle brodeuse main de la Maison LE MINOR. Cette bannière est destinée à la paroisse Saint FELIX de Nantes.

2018 : au mois de mars reprise de la Maison LE MINOR.